9H, nous rendons la moto de location et allons à pied avec nos sacs au dos à quelques centaines de mètres prendre nos billets de bus pour Vang Vieng. 6 $ pour environ 4 heures de trajet, 153 Km en VIP bus. Un touk-touk nous emmène ensuite dans une rue adjacente où nous attend le bus.





Ici un VIP bus, c’est un bus normal (Coréen) avec la climatisation toutefois.
Important, il fait chaud aujourd’hui, 33 à 35 degrés…
Les bus locaux sinon, coûtent seulement la moitié du prix (3 $ pour les non mathématiciens…), sont bondés, fenêtres ouvertes, les sacs sur les toits (bonjour s’il y a un coup de mousson !) au milieu des motos suintants l’huile et des poules et canards dont les fientes ne sont pas les mieux venues en ce moment… Et 8 à 10 heures de trajet…





Ce qui me fait le plus bizarre, c’est de me retrouver entouré de « farangs ». Il y avait longtemps… C’est quand même tranquille, seulement une vingtaine de personnes pour une capacité de 50. Quelques Français, Hongrois, Japonais, Israéliens et d’autres de langue anglaise…

10H30, le bus se met en route avec les vibrations caractéristiques d’un engin qui n’a déjà que trop roulé sur les routes chaotiques laotiennes…
A peine sorti de Vientiane, paysages de rizières à perte de vue, sur des terres très plates, l’immense plaine du Mékong, le grenier à nourriture du Laos…
Nous traversons de nombreux villages, maisons en bois sur pilotis, avant d’aborder les montagnes.
Route tortueuse, mais relativement en bon état ; c’est quand même la route principale du Laos, la 13, qui traverse tout le pays du Nord au Sud, en reliant la Chine à la Thaïlande et jusqu’au Cambodge…







Ce ne sont que les contreforts des hautes montagnes que nous traverserons ensuite pour nous rendre dans le Nord, à Luang Prabang et plus loin. Mais dès les premiers lacets, le bus ne roule plus qu’à 20 Km/heure parfois, et nous avons le temps pour admirer le paysage ou pousser un roupillon…
J’avais pensé à prendre un paquet de chips et une petite boîte de pâté de foie « Hénaff » avec du pain, ce qui nous a bien dépanné car juste un arrêt « pipi » général mais pas de restauration en route.
Maintenant la végétation est luxuriante, une espèce de jungle touffue parcourue seulement de rivières, de cascades, de rizières aussi et de quelques villages…





Et vers 14 H, au détour d’un dernier virage, nous arrivons sur le plateau à l’entrée de Vang Vieng en empruntant la piste d’un ancien aéroport militaire américain datant de la guerre du Vietnam… Etrange sensation…
Cette piste est désormais délabrée et sert de terminal régional de bus, de petite fête foraine, de lieux de rendez-vous, de route de passage entre les différents quartiers de la ville…













Nous dénichons très facilement une guest house (littéralement une « maison d’invités », un petit hôtel en fait), qui est composée de nombreux bungalows très propres (Thavisouk Resort, Le Jardin de Vang Vieng), 6 $ la nuit avec « fan » (ventilateur), moustiquaire, salle de bain avec douche chaude, une terrasse, le tout à 10 mètres de la rivière Namsong qui traverse la ville en descendant des montagnes.





Et dans 2 jours, pour la pleine lune, il y a le festival annuel des bateaux, en l’honneur de la fin de la saison des pluies. Compétitions de pirogues traditionnelles et nombreuses cérémonies sur la rivière devant notre bungalow. Une bonne occasion d’assister à cette fête ancestrale…
Installation sommaire, et nous partons visiter cette petite ville, grande bourgade de province toutefois…
Les gens comme à l’accoutumé sont toujours très souriants dès qu’on leur adresse un « Sabaidee » ou un sourire. Nombreux petits restos proches de la Namsong ainsi que beaucoup de guest houses. D’ailleurs Viang Vieng est en plein essor depuis 2 /3 ans, du fait d’un afflux touristique important, en raison de nombreuses activités en plein développement : kayak, rafting, escalade, randonnées, visites de grotte, voire le tout en même temps…
Du coup cette ville traditionnelle Lao est en train de se transformer rapidement, trop rapidement…
Tous les restos de la rue centrale affichent à peu près le même menu, plus cher qu’à Vientiane, avec pizzas, spaghettis bolo, steaks frites et quelques plats Lao-Thaï (et rien de bien fameux…).



Et de surcroît, c’est la surenchère des TV et DVD à fond dans les restos (comme en Thaïlande), avec pour la 10 000ème fois un épisode de Friends, et les films américains violents, guerre et tout, j’en passe et des meilleurs (ou pires)…
C’est insupportable !... Les gens passent leurs 2 / 3 semaines de vacances, affalés grassement devant des télés, des journées entières, à siroter de la bière, et à se comporter d’une façon irrespectueuse envers la population locale. A celui qui va « louer » sa prostituée en Thaïlande et part visiter le Laos pour « essayer » de passer inaperçu ! Pute à son bras, et on va penser que c’est sa nana !... Surtout quand ils en « louent » deux, çà fait encore plus naturel !...
Syndrome d’une société occidentale malade ?... Je vous laisse le soin d’en juger par vous-même… En tout cas, ce n’est pas une très jolie façon de se comporter…
Mais du coup, comme cela rapporte beaucoup d’argent le tourisme, et bien les rythmes de vies changent vite, il faut s’adapter à ce nouveau « marché »… C’est dommage… Pourvu que cela ne devienne pas la Thaïlande trop vite !...
Certains bar-resto proposent des Happy omelettes, des Happy fruit shakes, des Happy pizzas, etc… Ce n’est pas parce que c’est joli, joyeux ou rigolo, mais juste parce qu’on y rajoute à votre guise de l’herbe (weed), des champignons hallucinogènes (mushrooms) ou de l’opium… Et il vaut mieux le savoir, c’est un coup à avoir une montée d’hallu sans comprendre pourquoi… Et surtout pour les enfants ! « Papa, j’peux avoir une happy pizza ?... » Et vhiouu, tu sais plus où t’habites, et çà peux être dangereux !.....





Après, pour les grands, chacun fait ce qu’il veut… Je ne suis pas là pour juger, mais juste pour exprimer ce que je vois de la société….

Maintenant, vous l’avez compris, je suis un peu déçu de trouver çà ici, en plein milieu du Laos… Et les prix augmentent à vu d’œil, et à la tête du client surtout !…

Alors nous, on est resté dans le quartier sur les bords de la rivière.







Une école à Vang Vieng



Le coiffeur - cordonnier



C’est plus traditionnel (Lao), plus calme, moins cher, la nourriture est meilleure, et la vue sur les montagnes est splendide… Des montagnes hachées, arrondies, couvertes de végétation, de brumes et de nuages éparses, images typiques de montagnes au Vietnam ainsi que du côté de Krabi en Thaïlande.
Sur la Namsong, des hommes s’entraînent pour les courses de pirogues, en luttant ensemble à 15 dans par embarcation contre le courant puissant de la rivière.







Des enfants se baignent sur les rives, d’autres imitent leurs papas, et à 5 / 6 dans une pirogue, déjà du haut de leur 10 ans, remontent le cours d’eau en criant, en riant et en sautant dans l’eau…





Des ponts branlants en bambous traversent la Namsong pour accéder à une île. Nous nous y rendons…





Et au passage nous découvrons un autre « resort » (complexe de bungalows) super mignon, direct devant la rivière avec de la pelouse et 4 $ la nuit. Nous réservons pour le lendemain matin (Khem Song guest house).



Sur l’île d’en face, un bar super tranquille en plein air, musique sympa et pas forte, et un promontoire sur pilotis surplombant la rivière, des coussins Thaï au sol… Nous y profitons de la tombée de la nuit sur les montagnes devant nous dans un moment de calme délicieux…





Vers 20H30, de retour sur le « continent », nous n’avons trouvé qu’un resto Indien pour nous mettre en appétit. Paradoxe !... Poulet tika massala et mouton byriani… Parfait…
Repos total dans notre bungalow d’un soir, tellement silencieux…

Réveillés tôt, un jus d’orange frais, 1 omelette (normale, pas Happy) et des fried noodles (littéralement nouilles frites), nous sommes calés pour la journée… Un bref déménagement à 1 Km dans notre nouveau bungalow



et nous prenons la direction d’une grotte réputée, La Tham Jang, pour une visite de fraîcheur…
La particularité des déplacements ici, c’est que de façon traditionnelle ici les taxis sont des espèces de « motoculteurs » (oui oui !) à longues poignées qui tractent une remorque en bois. Je n’avais jamais vu çà… Je suppose que ce type de « tracteur » a remplacé les bœufs qui tiraient les charrettes autrefois…





Nous optons pour essayer ce type de transport car il fait très chaud et 3 Km aller, à pied, c’est éprouvant… Et puis malgré la lenteur de l’engin, c’est sympa à essayer…
Et là, on nous demande 8 $ pour le trajet !... Pigeon, çà va, je connais à peu près les tarifs. Impossible de négocier. Le tourisme change vraiment tout ici, et les valeurs locales vont vite se dégrader… Nous nous rabattons sur un touk-touk, pour un aller-retour à 4 $ , et le chauffeur nous attend sur place. C’est plus rapide et moins cher. C’est à n’y rien comprendre.





1 $ l’entrée de la grotte, accessible après un dénivelé de 200 mètres et faisons un tour dans les entrailles de la montagne sur près de 300 mètres de profondeur.



Rien d’exceptionnel, mais c’est toujours fascinant une grotte… Et puis il fait frais, c’est bon…
Il existe une ouverture qui surplombe toute la vallée et de là on apprécie le paysage… Les rizières, les montagnes, la rivière, les fumées à l’horizon de quelques feux de cuisines dans les maisons, un spectacle paisible chargé de culture ancestrale….







En redescendant de la grotte, il y a une rivière souterraine qui sort de la roche. Une eau bleue cristalline qui jaillit miraculeusement d’une autre cavité et qui court joyeusement en fredonnant pour aller rejoindre sa grande sœur la Namsong. Et comme nous avions prévu le coup, nous portions déjà nos maillots de bain sur nous…
Quel bonheur de se tremper dans cette eau limpide et fraîche.



Nous décidons donc de remonter le courant en nageant vers l’intérieur de la grotte. Quelle surprise de découvrir après une quinzaine de mètres que le boyau fait un coude sur la gauche, c’est très lumineux, tant par des trous dans la roche qui laissent filtrer le soleil que part la luminescence de cette eau bleue qui irradie les parois de sa lumière…
C’est magique !... Le cours d’eau souterrain fait environ 3 mètres de large, la hauteur de voûte de 3 à 4 mètres, en profondeur, je n’ai pas pied mais je suppose entre 2 et 3 mètres. Avec quelques efforts nous remontons le courant et avançons au fur et à mesure dans la montagne.
Quelques pauses accrochés aux parois ou assis sur le côté, comme dans de petits fauteuils, et nous arrivons allègrement à faire une centaine de mètres vers l’amont. C’est impressionnant et grisant à la fois…
Un nouveau coude vers l’intérieur de la montagne et l’obscurité devient très rapidement totale… Cubi m‘attend assise sur le bord et je vais tâcher d’explorer quelques mètres de plus. Mais sans torche électrique, impossible de voir quoi que ce soit, inutile de continuer…
Nous sommes ressortis de la grotte en se laissant entraîner doucement par le courant de la rivière jusqu’au point de sortie.
Quelles sensations !…



En rentrant sur Vang Vieng c’est une impression de douce euphorie qui nous berce aux soubresauts du touk-touk sur la piste de terre et de boue rouge…
Et pour couronner le tout, nous sommes allés ensuite nous faire masser. Massage traditionnel Lao aux crèmes « herbales » dans un salon très calme, musique douce, 1 heure de pétrissage détendant, mais parfois douloureux. 3,5 $ et un thé est servi à la fin…
Nous dégotons un petit resto Lao très bon, une soupe de coconut avec des nouilles et un Pat Thaï (fried noodles). Un délice, pour 3,3 $, service compris…



Rentrés au bungalow, nous prévoyons la fête des pirogues pour demain.
Et soudain, vers 22H, les décibels à fond…
C’est le bar sur l’île qui organise des fêtes tous les soirs. Il y a en fait deux bars à 30 mètres d’intervalle et c’est à celui qui mettra la musique au plus fort… C’est une cacophonie incroyable… Impossible de dormir !...
Boum-Boum-Boum-Boum !…
Tu fais des bonds dans ton lit !...
Et les gens bourrés et stones qui rentrent en hurlant tout en traversant la passerelle de bambou…
Une belle image des « farangs » que peuvent avoir les gens ici !...
Nous, on en a marre… Pas une nuit de plus dans cette ville…
Il y a un bus pour Luang Prabang à 10 H du matin. La décision est prise de pouvoir le prendre…Tant pis pour le festival des pirogues, de toute façon nous avons vu celui de Vientiane dimanche dernier…
Donc en attendant de pouvoir dormir, nous avons préparé notre itinéraire vers le Nord, Lonely Planet en main…
Cà y est, nous avons débroussaillé les différentes étapes que nous allons faire les jours à venir…
Et nous avons eu le temps, car la musique s’est arrêtée à 3 heures du matin passées….

Demain sera un autre jour…

Uxar



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07/10/06 Luang Prabang



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