Durant la nuit, il n’a pas plu, enfin, et le niveau de la rivière a commencé à baisser.
Et le bac qui relie les deux rives a repris du service. Cela permet aux camions et voitures de pouvoir rejoindre le Vietnam, c’est un axe important.
Mais quelle pollution dégage ce bac !…



Et puis le bateau, nous connaissons bien désormais, donc nous reprenons les transports en commun routiers, en province, çà ne peut qu’avoir du charme !...
Direction la gare routière, sacs au dos…













Nous empruntons en premier un « Samlor » (grand pick-up couvert à l’arrière servant de taxi collectif) pour une petite heure de trajet, sur une route montagneuse en bon état.
Dans un des lieux de dépose de passagers, un alambic maison fonctionne au bord de la route…
Un autre temps…







Nous devons ensuite prendre un « grand » bus, nous a-t-on dit, sur la route principale reliant Udom Xay à Phongsali.



C’est sur la place poussiéreuse d’un tout petit village que l’on nous dépose au milieu d’une population locale constituée de nombreuses ethnies. Les costumes traditionnels nous en font ressentir les différences.









30 minutes plus tard, apparaît notre bus pour la prochaine étape.
Ici, il n’ y a plus de catégories, VIP, etc… c’est le petit bus local de 10 mètres de long maximum, d’une capacité de trente places. Tous les sacs, cartons, poules et bagages divers sont entreposés sur le toit, sous une bâche en cas de pluie. Nous cherchons une place à l’intérieur et gentiment une femme Lao se propose de se déplacer d’une rangée pour nous permettre de voyager côte à côte Cubi et moi… « Khop tchaï La Laï » (Merci beaucoup)…
Nous avons beaucoup de chance, car le bus est bondé…
Il y a plus de 50 personnes à bord, voyageant debout, assises dans le couloir, installées dans l’escalier d’accès, parfois à 3 par banquette… Rien à envier à l’Inde !…



Nous avons officiellement 4 heures de trajet, je n’y crois pas une seconde, je suppose qu’il y a bien 6 à 7 heures de bus !... Surtout que dès le départ, c’est une piste que nous prenons, juste de la largeur du véhicule, en terre, en pierres, en boue, rongée d’énormes ornières, d’éboulements, d’arbres en travers de la route, le tout agrémenté d’une TV nasillarde qui diffuse à fond des clips vidéos de musiques traditionnelles Lao… Ambiance locale… et secouée !...
Vaches, cochons sur le bord de la route (ou au milieu dans les flaques de boue), villages sauvages aux ethnies inconnues de nous, où le bus dépose parfois un passager…



Nous passons parfois des véhicules en panne…



Car c’est en pleine montagne que nous sommes et la route est de cette composante tout du long… 120 à 150 Km nous séparent encore de Phongsali, et nous nous demandons à quoi peut bien ressembler cette grande ville (25 000 habitants), tellement isolée du reste du monde… Ce sera la surprise, la récompense après cette route infernale…
Je vous promets que même au Kenya les pistes étaient en meilleur état !...
Et là, on est pas en 4X4, juste un bus bringuebalant !…
Les ravins bordent la route, nous évitons de rares voitures et camions dans les virages (manœuvres obligatoires parfois pour passer), les fenêtres sont ouvertes pour avoir de l’air, et parfois ce sont des nuages de poussières ocres qui s’engouffrent dans notre véhicule…
Et nous continuons de monter. Phongsali est à 1400 mètres d’altitude.



Il va sans dire, bien sûr, que désormais dans cette région reculée, je suis le seul « farang », nous sommes les deux seuls étrangers voyageant avec la population locale.
Ce sont de nombreux regards curieux dans le bus à mon attention, entre crainte et surprise, étonnement surtout, lorsqu’ils se penchent sur notre épaule pour nous regarder écrire….



Alors, lorsque je sors mes baguettes personnelles pour manger dans le bus un plat à emporter acheté au marché ce matin, des fried noodles emballées dans une feuille de bananier, ils sont certainement interloqués…

3 heures de voyage. Une autre surprise de taille nous attend au détour d’une courbe de la piste…
Un grand bus est arrêté en plein virage ; une panne sans doute, les voyageurs en sont descendus…. Et comme nous ne pouvons passer, il redémarre, le chauffeur tente difficilement d’engager la marche arrière, recule de quelques mètres pour s’immobiliser définitivement en plein milieu du chemin !...



Notre bus se vide, une longue pause se dessine !...
C’est bien venu, car chacun en profite pour soulager sa vessie impatiente…



Des pique-niques improvisés s’organisent de çà de là, nous faisons de même… J’avais pris en stock hier une boîte de poix chiches et 2 boîtes de sardines à la tomate (c’est tout ce que j’avais pu trouver !). Le tout mélangé, çà nous fait notre petit festin !...
Je suis allé toutefois jeter un œil à l’autre véhicule, histoire de voir de quoi il en ressortait…
Le chauffeur était sous le bus à taper et à dévisser, pour en extraire un épais tuyau…
Le bus était callé avec de grosses pierres, car il s’agissait d’une durite de freins qui fuyait allègrement !... Et en montagne, les freins !.....



Et de les voir à plusieurs, couper le tuyau blindé à la scie à métaux, tu te dis qu’on est là pour bien des heures, voire pour la nuit…
Car les camions et les bus s’accumulent derrière… Impossible de faire demi-tour !…



Et de découper une vieille chambre à air pour en faire un « bandage » de fortune collé à la Loctite (la super glue, quoi)… Le chauffeur souffle dedans comme dans une flûte et décide d’en remettre une épaisseur.



Et cette fois-ci, c’est bon. Il remonte la pièce en 5 minutes et libère la route. Cà n’aura duré que 45 minutes, incroyable !... Ce sont vraiment les rois de la débrouillardise en mécanique !...

4H45 de parcours. Les paysages changent. Après la jungle touffue, nous arrivons sur un plateau vallonné. La déforestation a été importante ici et il y a de nombreuses cultures agricoles. Les rizières sont jaunes, signe que le riz est bientôt mûr. Le temps de la récolte approche…
Dans les villages refleurissent les paraboles TV Satellite et les maisons sont plus étoffées, plus récentes ou en meilleur état. Les habitations en briques et béton apparaissent. C’est une ville !
Nous nous arrêtons. Est-ce Phongsali ?...
Non ! C’est seulement Boun Tai, à peine à la moitié du parcours…. Il est 15H30, première étape officielle. 10 minutes. Pas de toilettes…
Je pense être loin de ma prévision horaire… Sauf si la route est impeccable ensuite, j’en doute fortement, il va falloir 10 heures de route !
Nous arriverons la nuit tombée et il va falloir se débrouiller pour trouver un hôtel…. Inch Allah !...
Et c’est repartit pour la route cahotante au travers des montagnes…
Les champs de pavot commencent à apparaître.



Ce ne sont plus de petites parcelles comme en allant à Luang Prabang, mais d’immenses exploitations où parfois nombre de personnes s’affairent…
Cà bringuebale tellement qu’il est impossible de faire de vraies photos… Floues !... C’est frustrant !... Il y a de tels paysages, de tels villages, de tels visages…

6H40 de trajet. Allez un petit accident de parcours. Afin d’éviter un camion dans un virage, notre bus a dévié, n’a pas pu freiner et nous avons heurté une cabane sur le bord de la route…
Ce n’était qu’une « grange », pas une habitation…
Le rétroviseur droit a explosé et le pare-brise s’est brisé (mais pas devant le chauffeur).
Il y avait un jeune garçon stationné sur une moto juste devant et à 3 mètres près le bus l’écrasait !...
Et puis le coup de bol, c’est surtout qu’il n’y avait pas de ravin à cet endroit… Sinon, c’était la bascule !...



18 Heures. 7H40 de trajet. La nuit tombe…
Après un nouvel arrêt dans la dernière ville avant Phongsali, il nous reste 40 Km encore à parcourir…



La route est goudronnée, mais bien défoncée quand même, et il ne devrait rester qu’une bonne heure… Je l’espère… Le dos et le cou sont tout endoloris par les vibrations incessantes…
Pourvu que l’on trouve un lit confortable et une douche chaude…

18 Heures 50. 8H30 dans ce bus, 10 heures de trajet en tout.
Nous arrivons à la « gare routière » de Phongsali en pleine nuit. Ciel étoilé fantastique, Voie Lactée bien visible, et pas de pollution lumineuse dans ces montagnes reculées…



Un « Samlor » nous emmène au centre ville, à 3 ou 4 Km, où l’on pourra trouver une chambre. 0,7 $ en tout.
Phongsali de nuit a l’air grande, étalée, calme et l’électricité fonctionne 24H/24.
L’hôtel que nous avons repéré (le Phongsali Hotel) est ouvert et pratique toujours les mêmes prix que ceux indiqués dans le dernier Lonely Planet. C’est la première fois au Laos où ne nous ne voyons pas une inflation infernale. Pour le moment ici, çà n’a pas trop changé.
Et c’est la première fois que nous prenons un vrai hôtel depuis notre arrivée au Laos.
D’habitude ce sont des guesthouses (voir dans le Glossaire sur le Blog pour la définition).
L’hôtel est défraîchit mais propre. Bon lit, eau chaude, c’est ce que nous voulions… La salle de bain est un peu déglinguée de tous les côtés, mais çà fera l’affaire pour ce soir. 5 $ la nuit.







Les patrons ne sont pas très sympas et nous avons dîné ailleurs, dans le seul autre resto, dans l’hôtel en face. Et en visitant les chambres, nous trouvons que c’est beaucoup mieux et au même prix (Viphaphone Hotel). Nous traversons la rue demain matin avec les bagages.







Au programme le marché, découverte de la ville, prendre des infos pour le bus suivant le surlendemain, chercher un point Internet (je pense que c’est perdu d’avance) et peut-être aller se promener dans des villages alentours…

Demain est un autre jour….



5H40, dimanche, la vie locale se met en marche, le ciel s’éclaircit sur les montagnes embrumées…
Cà y est, je suis réveillé. Mon horloge interne semble s’être callée sur le rythme laotien…
Cette ville est superbe, c’est la plus jolie que nous ayons vu jusqu’ici.
Nous sommes à 40 Km de la Chine (Yunnan) et 50 du Vietnam. La vie a conservé ici un réel rythme traditionnel ancestral. Les maisons en bois, en briques et torchis de terre ont une architecture différente et des quartiers entiers sont très anciens.













Le thé sèche au soleil ainsi que pommes, riz, tofu, piments et les poules, canards et cochons sont, comme d’habitude, partout dans les rues, les cours et les habitations…
Le temps s’égrène doucement, selon un modèle qui a ses bases à une autre époque…

















La gentillesse des gens est encore plus flagrante ici.
Et comme je suis le seul Blanc, l’étonnement se fait sur tous les visages…
En remplissant les livres d’admissions dans les deux hôtels, j’ai vu que le dernier touriste enregistré remonte au 13 août ! 2 mois !...
Les enfants sortent des maisons, se cachent pour me regarder, puis nous suivent dans les ruelles, guettent au coin des maisons (je vous promets que je n’exagère pas !) et éclatent de rire dès que je leur fais « coucou » de la main, alors que d’autres ont peur et rentrent en pleurnichant dans leur logis se réfugier derrière leur maman.
C’est « Tintin au Tibet » (à l’arrivée à Katmandou…)
Un bus arrivant de la frontière Nord s’arrête pour une dépose de passagers et toutes les têtes aux fenêtres me fixent en me dévisageant curieusement…















Dans le marché, chacun se retourne sur moi, étouffe un rire ou sourit allègrement…
De plus, les Laos étant de taille assez petite en général,
du coup de mes modestes 1 m 76, j’ai l’impression de déambuler tel un géant…
Ces ambiances sont fascinantes…





Vous trouverez parfois les photos mal cadrées, mais les populations refusant en grande majorité de se laisser photographier, j’ai pris pour habitude de garder mon appareil photo à hauteur de hanche (comme s’il était éteint), ou sous mon bras, voire dans mon dos…
Je regarde ailleurs pour détourner l’attention de ma caméra et je déclenche à l’aveuglette (trash) en espérant pouvoir obtenir quelques clichés exploitables.
Je suis bien sûr ravi quand c’est le cas !
Je mets le « faisceau AF » sur off (la lumière orange qui aide à faire le point, autofocus) pour ne pas me faire repérer, mais du coup çà ne facilite pas la netteté des images, surtout en ambiances sombres…
Mais les personnes ne posent pas devant un appareil, ce sont de vrais moments de vie…

Nous mangeons dans le marché et nous trouvons les prix les plus bas que nous ayons rencontré jusqu’alors. 0,3 $ la noodle soup (en grand « saladier »), 0,1 $ le grand nem, 0,05 $ le rouleau de printemps (spring roll). Et c’est délicieux.







En dessert, de la « gelée fruitée » arrosée de lait de coco.



Il y avait aussi des vers à Soie à déguster ainsi que des larves d’abeilles, mais nous étions repus.









En prime, nous avons réussi à trouver un ordinateur pour vider nos cartes mémoires des appareils photos. Le seul ordinateur de la ville et peut-être de toute cette partie du Nord.
Un jeune homme parlant très bien anglais nous a demandé 1 $ pour l’opération. 1,5 giga et plus de 30 minutes de transfert. C’est vraiment génial, car je ne pouvais plus faire une seule photo et il en restait seulement 20 à Cubi…

Pour compliquer les choses, j’ai oublié mon chargeur de batteries à Vientiane.
Heureusement, j’ai opté lors du choix de mon appareil photo pour des piles R6 en alimentation et non des batteries plates bien spécifiques. Et ces piles là, on peut les trouver partout autour du monde.
Sauf qu’ici dans le Nord du Laos, les piles R6 viennent de Chine, sont très peu chères, mais ne tiennent même pas la charge pour alimenter la mise sous-tension de l’appareil. Même pour ma torche à 3 piles, cela éclaire 10 minutes, après c’est mort… C’est à savoir…
Du coup j’ai fais toutes les boutiques… J’ai acheté chaque marque, j’ai testé…
Mon conseil : pour celles qui sont super légères, aucune charge ; les plus lourdes, emballées sous carton et plastique, fonctionnent parfois, mais pas toutes et ce pour une courte durée sans utilisation du flash, à l’économie… Par expérience, rien ne vaut et de très loin, la puissance des Duracell. Mais impossible d’en trouver ici !...
J’ai maintenant un petit stock de piles pour ma lampe torche en cas de soirées sans électricité…







Demain nous reprenons le bus, pour Udom Xai cette fois, un peu plus au Sud en direction du Myanmar (Birmanie) vers l’Ouest.
C’est une ville de 80 000 habitants. Nous espérons pouvoir consulter nos e-mails, alimenter les Blogs et trouver un service de « laundry » (laverie) pour décaper nos vêtements couverts de la poussière de ces terres rouges…. (et dégoter des piles !...)

Histoires à suivre…..

Uxar



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16/10/06 Udomxay





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