Provisions d’eau et nous partons pour notre périple….



D’entrée je constate que le frein arrière est défectueux, voire quasiment inexistant. C’est souvent comme çà, on va faire avec !....
La route est goudronnée et en assez bon état (pour le Laos). Hormis quelques éboulements (en partie dégagés) des flancs de montagnes et de grosses ornières, c’est praticable…
De nombreux villages tribaux bordent notre chemin.







Nous nous arrêtons à de nombreuses reprises et constatons les réelles différences entre chaque population aborigène, même si elles vivent à quelques kilomètres les unes des autres.
Costumes et coiffes très différents (parfois des femmes en partie dénudées), couleur de peau foncée, ou parfois au contraire très claire, des nez bien dessinés presque à tendance européenne (races indo-aryenne ?).
Et un éternel accueil des enfants… Des dizaines d’enfants nous suivent, nous regardent, nous faisons des photos, jouons avec eux, et ce sont des éclats de rire permanents, des hello, ok, thank you » (les 3 seuls mots qu’ils connaissent)…













Nous sommes une véritable attraction, c’est la fête au village. Certainement la première fois qu’un blanc met les pieds ici. C’est éloigné de la ville, ce ne sont pas des itinéraires de trekking et les bus ne s’arrêtent pas…
Les parents ou les vieux sont surpris de prime abord, puis les visages se délient et ce sont de grands sourires qui inondent leurs visages.







Nombreux arrêts et toujours ces mêmes impressions partout… C’est touchant, profond, l’accueil de ces gens qui vivent dans des paillotes dans un temps reculé que l’on appellerait le Moyen-âge en Occident…
L’eau vient de la rivière ou de sources, les enfants chassent les rats en guise de nourriture, et la seule école que nous voyons n’est pas en activité…



Vaches, cochons, poules et canard rythment la vie naturelle d’ici…









Sur la place centrale d’un village, un homme équipé d’un étrange matériel se livre à une activité bizarre….
Je mets quelques minutes à comprendre… Il a comme un « lampadaire » avec au sol une pédale d’ancienne machine à coudre et à l’extrémité supérieure une sorte « stylo » métallique. Ses outils sont une clef à molette, une pince coupante, une paire de ciseaux, des gamelles et quelques pointes indéfinissables…
Et il est en train de couler du plâtre dans de la pâte à modeler à la petite cuillère. Une vieille dame attend patiemment à ses côtés…
Devinez qui c’est ?...







C’est un dentiste itinérant !...
Il active sa « roulette » avec le pied, et il est en train de faire une prothèse pour la femme édentée. Il me sort une boîte de dents en plastiques, genre jeux d’enfants. Etonnant !...
Incroyable !... Inimaginable !...



Sur les bords de la route, il y a parfois de grands champs de « Marijane », qui pousse haute comme des arbres.









Les villages s’espacent, se font rares…
Mi-chemin, 29 Km, 2H30 de parcours, et la moto me montre un signe que le moteur va rendre l’âme dans ces montées sévères….
Que faire ?... Demi-tour ou continuer ?... Je pense que le moteur chauffe trop, et je profite d’une descente pour faire roue libre et tester le résultat… Cà va mieux !... On continue !...









Passé la ligne de la chaîne de montagne, dans la descente c’est la pluie qui arrive. Nous enfilons les capes de pluie et poursuivons. Il fait froid ! Au moins le moteur ne chauffera plus ! Mais j’ai les mains qui s’ankylosent…

Et soudain, un tigre sort de la forêt, juste devant nous. J’accélère à fond, pas le choix, car en côte la moto va à 20 Km/H parfois maxi, et je klaxonne pour l’effrayer ! Il bondit et s’élance à notre poursuite ! Je le vois se rapprocher dans les rétros. Quelle solution ?...
Arrêter, car il s’agit d’une blague ! ahahah….. Le suspens était bon ? Désolé, je n’ai pas pu résister….
En fait, il s’agit d’une idée qui nous a traversé l’esprit durant notre parcours, en nous demandant ce que nous ferions dans le cas d’une telle sauvage rencontre….
Mais peu de chance que cela arrive, le bruit des moteurs et la proximité de villages faisant fuir ces animaux….

Nous finissons donc le trajet pour Muang Sing sous la pluie pour déboucher après la chaîne montagneuse dans une plaine agricole. Les montagnes en face de nous au Nord sont illuminées de rayon de soleil et sont couverte d’une magnifique lumière Or. C’est irréel….
Cela me rappelle une lumière similaire au Népal (voir sur le Blog prochainement, Népal, Jomosom…). Et devant nous c’est la Chine…

Après donc 4 heures de trajet, nous arrivons dans cette capitale régionale du Nord-Ouest du Laos, toute petite ville mélangeant maisons en bois d’architecture coloniale française, maisons en béton récentes style Thaï, et vielles battisses en briques séchées style chinois.
La rue principale est sillonnée de ces fameux taxis-motoculteurs que l’on rencontre partout dans le Nord et de camions chinois faisant des navettes commerciales….



Les populations ethniques sont nombreuses et ne parlent pas Lao…
Installés dans un petit resto, deux vieilles femmes aux costumes colorés nous abordent pour nous vendre des sacs, bracelets et ceintures que leur tribu fabrique. Elles sont riantes, de vraies gamines. Et l’une sort de son sac, dissimulé en partie dans un bonnet, un sachet plastique rempli d’ « herbe », la fameuse « Marijane » qui pousse alentour. Hallucinant ! Ici ce sont les vieilles qui « deale »… !



Bon, Muang Sing était réputée avoir le principal marché alimentaire du Laos qui était rempli d’opium, il n’y a pas si longtemps encore.
Ici c’est le triangle Vert, c'est-à-dire la triple frontière entre Laos-Chine et Myanmar.

Après une visite rapide de la ville (c’est tout petit), nous avons poussé le parcours jusqu’à la frontière chinoise, à 10 Km, histoire de voir.









Nous avons été arrêtés par les douaniers Laos à 20 mètres de la frontière (c’est réservé aux Chinois et aux Laos cet endroit). Ils ont cru que nous allions envahir la Chine en attaquant avec notre moto bleue.
Quelques sourires, çà se passe bien, une photo cachée de la frontière,



Et nous reprenons le chemin retour pour Luang Nam Tha. Il est 16H30, 70 Km à faire et la nuit tombe à 18H.



Il pleut et nous avons toute la chaîne de montagne à traverser de nouveau…
Equipés de nos capes, lunettes contre la poussière et la pluie, c’est l’équipée sauvage….
Il ne faut pas nous arrêter, et surtout n’avoir aucun problème mécanique, car de nuit ce n’est pas l’idéal…. Nous croiserons en tout 6 voitures sur notre route.
1H25 de route, et nous arrivons à bon port, mouillés, mais entiers…. On a bien roulé !....

Un peu de repos et demain nous repartons vers le Sud-Ouest en bus, pour Huay Xay….

A suivre….

Uxar



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20/10/06 Huay Xay





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