Mais paysages superbes, de hautes montagnes (jusqu’à 2500 mètres de haut) couvertes d’une végétation dense et tropicale, une véritable jungle impénétrable…





Rien que pour traverser une vallée, il faudrait plus d’une demi-journée à coups de machette pour se frayer un chemin…
Je ne peux m’empêcher de penser à la guerre du Vietnam, à ces paysages similaires, et à tous ces hommes ayant soufferts sous le soleil ardent ou sous des trombes de pluie à marcher des jours durant dans des contrées si difficiles….

Très fréquemment nous passons dans des villages, maisons sur pilotis d’un autre temps, cabanes en bois ou en tôles, riz, galettes de riz et légumes séchant au soleil sur des étoffes à même le sol, poules, chèvres et cochons en liberté, enfants jouant et criant de tous les côtés, femmes âgées aux visages marqués, assises patiemment à regarder le temps passer…. Et la vie, ancrée ici depuis des millénaires, a conservé le même rythme…



Le seul changement, et de taille, c’est que même dans ces villages si pauvres, c'est la circulation qui s'intensifie et les paraboles pour TV satellites qui poussent partout… Autant que le pavot dont j’aperçois des champs un peu partout également éparpillés dans les montagnes…










Une pause pour les besoins naturels dans un petit resto, 5 minutes et c’est reparti…







Et çà grimpe !… 10Km/h parfois et des côtes à plus de 10%.
Et soudain, au détour d’un virage, un bus en panne…
La solidarité fonctionne aussitôt, et notre bus s’arrête ainsi qu’un autre. Cà palabre dans tous les sens, çà bricole, et je descends pour voir ce qui se passe.
L’autre bus en fait a crevé et n’a pas de roue de secours. Notre véhicule lui file la sienne et nous repartons, sans roue de secours cette fois.





Nous repartons, enfin sans moi, car voyant que c’était long j’ai marché jusqu’à un village 500 mètres plus loin pour visiter et photographier. Le bus est reparti plus tôt que je ne l’avais prévu, mais il a klaxonné en arrivant à ma hauteur et j’ai sauté dedans à son ralentissement…





Quelques milliers de virages plus loin, après un arrêt pipi en pleine montagne, sans le moindre abri ou chemin pour ces dames, nous arrivons dans la vallée du Mékong à Luang Prabang, ville classée au Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’Unesco depuis 1995.
Un touk-touk depuis la gare routière, 1 $ chacun, pour rejoindre le quartier historique où j’ai détecté un hôtel dans nos ordres de qualité et de prix, avec mon éternel précieux instrument de voyage le Lonely Planet.



En 10 minutes nous sommes à l’hôtel (Chittana Guest House), un peu vétuste mais propre, avec fan, eau chaude, et je marchande à 5 $ la nuit.
Aussitôt posés, nous pouvons partir à la découverte de cette ville qui est l’ancienne capitale royale historique du Laos.
Et là, rien à voir avec notre étape précédente…
Une petite ville pleine de charme, aux avenues arborées, des maisons au style colonial français qui caractérise tant l’Indochine, et tant de vieux temples bouddhistes datant parfois de plus de 500 ans. Une atmosphère paisible règne ici.











Tout comme les rois qui ont régnés ; le dernier ayant été enfermé en 1975 par le pouvoir de l’époque, et ce, avec sa famille dans une grotte jusqu’à ce que mort s’ensuive pour tous… C’est vrai !…

Visite des rues, des temples, promenade sur le bord du Mékong, une fondue lao à la clef au dîner sur une terrasse devant le fleuve. Super bon ! 1 $ et demi chacun…
Et pour finir cette journée, une ballade dans le marché de nuit. Très sympa. Que de l’artisanat local, pas de l’éternel import de Thaïlande…





















Avant de dormir, nous avons peaufiné nos projets pour les jours à venir.
Demain, visite de la ville et lundi nous allons remonter en bateau plein Nord, jusqu’à la frontière chinoise, en quelques étapes…
Cela va devenir plus typique…
Et cette nuit là, cette fois, nous avons bien dormi, pas de musique…

Nous avons appris que ce dimanche est une fête religieuse particulière, c’est le jour du « Buddha of Love ». C’est chaque année le premier dimanche d’octobre après la pleine lune.
A Vientiane et à Vang Vieng c’est le festival des pirogues, mais ici il y a une cérémonie spéciale ce soir sur les bords du Mékong devant le Vat principal de Luang Prabang. Nous verrons ce soir…
Au petit déjeuner, une soupe de nouilles (noodle soup) dans une échoppe lao. C’est bon et copieux.



Ensuite nous partons à la découverte des temples. Et à notre grande surprise, la majeure partie du temps, l’entrée est payante. 1 $ quand même. C’est comme si l’on faisait payer l’entrée des églises en France ou de Notre Dame de Paris.







Mais rien de surprenant finalement, il y a ici une fois de plus tellement de touristes que cela attire toutes les convoitises de profits. Même pour les moines !...
Toutefois, dans le plus vieux temple de Luang Prabang, nous avons pu assister par hasard à une cérémonie donnée par le plus respecté des maîtres spirituels au Laos. Recueillement, et… entrée gratuite…











Le tourisme une fois de plus change les règles ici…
La bouteille d’eau à 1000 kips (0,10 $) est partout au Laos à 2000 kips (le double). Les touk-touks essayent d’arnaquer sur les prix (c’est gros comme un Vat) mais çà ne marche pas avec nous. Nous avons ajouté à notre jargon lao l’art de compter, ce qui permet en général d’obtenir des prix corrects. Un exemple complémentaire, le prix d’un hôtel, le Rama, indiqué par mes amis Dom & Lyn, qui sont venus ici il y a3 ans. 10 $ à l’époque, 22 $ aujourd’hui, et rien n’a changé dedans. 30$ pour des personnes que nous avons rencontrées plus tard. Plus du double voire le triple… La rançon du touriste !…
Ce que nous voulions absolument visiter, c’est le palais royal, transformé en musée désormais.
Le bâtiment n’est pas immense et d’une grande sobriété en général, tant intérieure qu’extérieure…



Le trône, quelques meubles, photos, sabres, etc…, mais ce qui m’a surtout frappé c’est la grande culture internationale de ces rois et particulièrement des derniers. Des centaines de livres et d’ouvrages, tant sur l’histoire de France, des Etats-Unis, de la Chine, de l’Inde,…, ainsi que du Zola, Hugo, Baudelaire, Racine,…, des magazines occidentaux des années 50/60 (Paris Match), ce qui dénote l’ouverture d’esprit sur le monde ainsi que la communication avec de nombreux chefs d’états internationaux, à en voir par les différents cadeaux officiels de nombreuses origines… Intéressant…

Quelque heures passées ensuite dans un internet-shop pour transférer les photos et vidéos sur nos disques durs portables et pour alimenter les Blogs. C’est qu’ils ont faim de nouvelles les lecteurs, les accros !…
Plus tard, nous allons assister au « Buddha day of Love ».
Une foule immense est réunie sur les bords du Mékong, des pétards et fusées dans tous les sens… Il faut faire attention d’ailleurs, c’est le chao général, les explosifs sont lancés au milieu de la cohue, atterrissent dans les visages, sur les tables des restaurants, etc…
C’est un peu comme le 14 juillet en France, en plus festif et plus joyeux…
La tradition veut que chacun aille déposer une offrande flottante lumineuse sur le Mékong après la tombée de la nuit en formulant des vœux. Il s’agit en fait d’un morceau de bois de bananier joliment décoré de feuilles et de fleurs, des bâtons d’encens et des bougies étant piqués dessus.
Nous remontons le flot continu des festivaliers Lao pour arriver au point d’origine de la cérémonie.
Sur le Mékong, ce sont des milliers de bougies qui scintillent en pleine nuit sans interruption sur des kilomètres. L’ambiance est magique, féerique…
Cubi a acheté une de ces lanternes fleuries pour que nous participions aussi à la cérémonie…
Nous descendons sur les profondes rives du Mékong au milieu de milliers de personnes, éclairés par toutes les flammes tremblantes des bougies environnantes. Nous traversons l’étroite passerelle d’un bateau, une planche en fait, pour aller déposer notre offrande sur le fleuve en alléguant nos vœux.





Et notre lanterne fleurie part rejoindre tous ces vœux lumineux qui flottent vers leur destinée, au gré du fleuve, vers la mer à des milliers de kilomètres…



Un peu plus loin, face au temple, arrivent des dizaines de pirogues portées à bras d’hommes, transformées en dragons, éclairées chacune de centaines de bougies, entourées de musiciens frappants et cinglants tambours et cymbales dans la cohue des milliers de personnes agglutinées pour voir le clou de la cérémonie, la dépose de ces immenses lanternes (10 à 12 mètres de long) dans les flots du Mékong.





Certains sont dans un état de transe mystique incroyable… C’est indicible !…
J’ai l’impression d’être en Inde à Bénarès (Varanasi) au bord du Ganges lors d’une de ces incroyables cérémonies… Des policiers hurlent des ordres dans des mégaphones, la musique est assourdissante, résonnant dans la tête, dans le corps, dans le cœur… Un des porteurs est un Saddhou « style Indien », un Lao à côté a le visage maquillé à moitié de noir, çà coule avec la sueur, il pluvine, il fait chaud, la foule continue à descendre pour apporter ses offrandes lumineuses et la procession des pirogues ne s’arrête pas, dure encore et toujours jusqu’à l’épuisement de certains des porteurs…
L’un d’eux tombe (le Saddhou), puis vomit au milieu de la cohue ; il est hagard, soudain comme perdu…















Une cérémonie super géniale à vivre, au sein du mouvement, à filmer, à photographier, à ressentir… Et les pirogues partent au grée des flots…
Nous aussi partons, pour aller nous restaurer, aux sons des concerts devant chaque porte de maison, de chants et de danses…
Cubi entendant une chanson chinoise qu’elle connaît, s’arrête devant une boutique en pleine festivité et se met à chanter avec une femme qui tient le micro. Les gens ovationnent et chantent à la cantonade… Il s’agit d’une famille d’origine chinoise et ils sont ravis de parler avec Cubi. Ils nous offrent à boire, conversent avec nous, dansent… Très accueillant et très sympas.
Nous sommes restés une heure, Cubi a continué à chanter parfois en jouant en sur le synthé…



Il fallait manger avant que tout ne soit fermé…Il pleuvait à verse, donc pas le marché de nuit mais le premier resto disponible. Resto « farang », c’est pas mal, 1 steak et un hamburger avec des frites.



Dès demain dans le Nord cela ne sera plus possible…

Histoire à suivre…..

Uxar



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09/10/06 La Nam Ou pour Nong Khiaw



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