En fait, ce doit être une femelle rat qui a mis bât récemment sur le double toit en feuilles de bananier qui est au dessus du lit. Cà couine, çà chuinte, çà galope et j’ai un doute qu’il ne puisse pénétrer dans la chambre.
Et soudain, j’ai poussé un hurlement guttural d’animal, en frappant sur les murs à en faire trembler tout le bungalow… Terrorisé par cette bête inconnue, je ne les ai plus entendu pendant 2 heures.
Mais trop tard pour moi, je n’ai plus redormi de la nuit.
A 4 heures, j’ai entendu le Vat du village sonner calmement les tambours et des clochettes, puis de nouveau à 6 heures.
De surcroît, le matelas et les vieux oreillers tellement amplis de l’humidité ambiante depuis des années sentaient une forte et âpre odeur de moisissures… Cela m’a fait penser à l’odeur des antibiotiques ! Est-ce que çà ne provient pas de cela la pénicilline d’ailleurs ?

Une série de bols d’eau froide sur la tête et nous partons prendre le bateau, après un petit déjeuner copieux… Bien nous en prend, car le navire de 11 heures est annulé, pas assez de passagers. Il faut attendre celui de 14/15 heures, si jamais celui là part !
Nous prenons notre mal en patience en nous abritant à l’ombre et en observant quelques scènes locales du débarcadère…



Mise à l’eau d’une pirogue



Déchargement d’un bateau



Les enfants vont à l’école


Il ne pleut plus, c’est déjà çà…
Le niveau de la Nam Ou a monté de plusieurs mètres cette nuit et la rivière charrie désormais une quantité impressionnante de branches et de troncs d’arbres. La navigation va s’avérer encore plus périlleuse aujourd’hui car les turbulences de l’eau sont accrues du coup…
1 heure de trajet prévu, mais je pense que çà sera plutôt 2 à 3 heures…

14H15, nous partons. A bord quelques Laos et nous avons en compagnon de route une Japonaise, Miki, qui voyage seule depuis 6 mois (Chine, Tibet, Vietnam, Cambodge, Thaïlande, Laos, et ensuite Inde et Népal…).
Echanges d’infos et partages de pensées et d’expériences. Elle remonte vers le Nord comme nous.



Ce matin j’ai rencontré un Québécois, Pierre Olivier, qui a également traversé l’Asie du Sud-Est depuis plusieurs mois et qui continue son voyage pour traverser la Chine, La Mongolie, Le Kazakhstan, etc…
Hier nous avons aussi rencontré deux motards qui viennent de Lituanie avec leur deux grosses machines. Eux sont passés par l’Iran, Le Pakistan, l’Inde, bateau pour la Malaisie, et qui sont en ce moment au Laos avant de repartir pour l’Australie… Nous avons échangé pas mal de choses sur leurs trips (voyages) respectifs, car notre projet à la base avec Cubi était de venir en voiture au Laos depuis la France via La Russie, le Kazakhstan et la Chine, puis via l’Iran, le Pakistan, l’Inde, etc… (voir billets en Mai et Juin 2006 sur le Blog, liens ci-après :)

29/05/2006 Paris / Vientiane en Voiture
01/06/2006 Evolution du parcours….
25/06/2006 Adieu la Perse et les pays d’or……

1H35 de parcours et nous débarquons finalement rapidement à Muang Ngoi Neua.



Nous prenons aussitôt des renseignements pour le bateau demain puis partons à la découverte de la commune à la recherche d’une Guesthouse…
Muang Ngoi Neua est un village d’un autre temps…



Plus nous avançons sur la rivière, plus nous remontons dans le passé…
Ici, l’accès ne se fait que par la Nam Ou au-delà d’une chaîne de montagnes inaccessible…
Pas de route pour venir ici. Pas de voitures ni motos, pas d’électricité, pas de bruit…


Nous avons trouvé une guesthouse, jolie maison traditionnelle en bois avec 5 chambres à l’étage (Phetdavan Guesthouse). Aménagement rudimentaire, un matelas au sol, une moustiquaire, 2 volets en guise de fenêtre, les sanitaires, propres, au rez-de-chaussée. 3 $. Et un accueil simple mais très avenant…



Le village est constitué d’une simple rue en terre de 400 mètres de long suivant la rive de la rivière. Elle est bordée de maisons et d’échoppes, quelques allées s’en extirpant sur quelques dizaines de mètres pour quelques autres habitations. Les poules et les canards pullulent partout en liberté, les enfants jouent de tous côtés…











Ici, on ne va pas te faire payer plus cher parce que tu es « farang ». Le prix est le prix ! Enfin !…
En se promenant dans le village, tranquillement, j’ai aperçu un atelier de couture, et j’ai demandé à tout hasard s’ils réparaient les chaussures, car une de mes sandales marocaines en cuir s’est séparé de sa semelle avant-hier. J’avais racheté des tongs de dépannage, mais pas très confortables.
Evidement, c’est possible, et on me demande 1 $. Colle au néoprène et couture à la main tout autour de la chaussure. J’ai ramené du coup la deuxième pour lui faire subir le même sort. Je vais avoir des « chaussures neuves »…..



Le temple bouddhiste du village



Une salle de bain en plein air



Une bombe de la Guerre du Vietnam qui sert de marche pour un restaurant


Avant 18 heures, il fait nuit noire et la maison est éclairée à la bougie…
Le groupe électrogène du village est mis en route pour fournir de l’électricité jusque vers 22 heures, mais le seul néon de la guesthouse se trouve au rez-de-chaussée. En cuisine, c’est aussi à la bougie…
Nous nous installons sur une terrasse couverte, avec hamacs et coussins Thaï à même le sol, pour nous détendre et pour écrire aussi, à la lumière d’une unique chandelle balayée parfois par des bourrasques de vent…



Car dehors, il pleut à verse… Pas un bruit ; juste la musique de la pluie, et de quelques gouttes d’eau qui tombent dans des seaux pour pallier à quelques fuites du toit. C’est vraiment paisible…

Je me demande comment le ciel peut contenir autant d’eau !... Un déluge à chaque fois qu’il pleut, et des heures durant…
Nous avions prévu de reprendre le bateau demain matin mais l’ambiance est si apaisante que nous allons certainement nous poser une journée. Profiter de cette ambiance exceptionnelle, si rare à pouvoir encore rencontrer de nos jours… Et c’est peut-être le seul endroit de notre périple dans le Nord où nous allons pouvoir vivre cela.
Après nous retrouverons obligatoirement des étapes plus « civilisées », c'est-à-dire, accessibles par la route et donc quelques peu voire beaucoup plus modernisées…

Ce qui nous a frappé de plus en arrivant à Muang Ngoi Neua, c’est que la population apparaît appartenir à une ethnie différente de celles que nous avons pu rencontrer jusqu’alors.
Les teins de peau sont souvent plus clairs, les visages plus pointus au niveau du menton et les nez d’une flagrante façon ne sont pas asiatiques, mais très droits, effilés et prononcés (beaucoup plus européens quelque part / d’ailleurs en Asie les « blancs » sont appelés les Grands Nez !…).
Sans être ethnologue, je suppose que la population locale est d’origine Tibéto-Birmane. C’est un mélange de cultures, mais rien à voir avec les Thaï Lao, ou avec les Chinois…
Et je sais qu’il existe de telles ethnies dans le Nord de la Thaïlande et au Laos.
Même la langue semble parfois différente lorsque les gens parlent entre eux. Et lorsque l’on nous annonce les prix, en Lao toutefois, c’est avec un accent différent … Changement de culture.

20 heures, il pleut toujours autant, nous allons dîner dans un petit resto à côté…

Demain, nous allons marcher pour visiter des villages alentours, mais c’est un autre jour…

Uxar



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12/10/06 Muang Khua



Pensées Nocturnes

Lumière diffuse, des Laos à mes côtés,
Unique lumière dans le village,
Je ne les comprends pas, ils m’acceptent…
Je ne comprends pas tout… de moi, de la vie…
Je suis à l’autre bout du monde
Et je ne sais toujours pas comment je fonctionne…
Ma vie reste un éternel mystère…
Je ne sais pas qui je suis…
Je cherche… Quoi, je ne sais pas !
Si je le savais, je ne serais certainement pas ici…
Et il pleut, il pleut…
Puisse cela nettoyer mon âme, mon esprit…
Rien n’y fait. Je cherche…
Pluie, pluie…
Où vas-tu ?
Montre moi les rigoles dans lesquelles tu coules,
Pour rejoindre le grand flux…
Pluie, pluie…
Je pleure en moi…
J’ai peur…
Je suis une goutte seule,
Qui n’arrive pas à rejoindre la rivière.
Exigence. Souffrance.
Comment se laisser aller ?...
Pluie, pluie…
Larmes de mon corps,
Larmes de mon cœur.
Pluie, pluie…

Uxar





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