Navigation paisible au rythme de l’éveil sur les berges du Mékong.









Nous débarquons de nouveau à Ban Nakasang où nous devons prendre un mini van spécialement affrété pour les « farangs » afin de passer la frontière Lao Cambodgienne ouverte seulement depuis 5 ans, à 20 Km de là…



15 minutes de transport normal sur la fin de la longue route 13 et puis soudain, un chemin forestier en terre, complètement défoncé !
Plus d’une demie heure de trajet cahotant au milieu de la forêt à 4 ou 5 Km/h…
C’est étonnant !...





Est-ce un guet-apens pour dépouiller les voyageurs et les exécuter au milieu des bois, sans preuves et sans traces ?...
Cette ligne de frontière est étrange !...

Il s’agit en fait d’un immense no man’s land au milieu de cette forêt inextricable qui éviterait certainement une invasion du pays voisin, au passé, tant très ancien que très récent, bien souvent belliqueux…



A l’approche d’une clairière, une barrière bloque le chemin, une cabane en bois et une maison, c’est le poste frontière Lao.
C’est à mon souvenir la frontière la plus sauvage que j'ai eu à passer !...



Et en guise de « complément de salaire », la Police des Frontières prélève une « taxe obligatoire » d’1 $... A savoir !…



Le minibus est parti durant ce temps avec nos bagages au prochain poste frontalier.
Nous finissons le chemin à pied…



Une barrière, une cabane en bois et une route, c’est le Cambodge…





Emoluments, 2 $...



SouatSadaï ! (bonjour)

OrKoun ! (merci)

Nous avons déjà nos visas, mais il est bon de savoir que désormais sont délivrés des « Arrival Visas » à ce poste frontière ! C’est très récent !...



Un autre mini van (Cambodgien cette fois) nous attend. Les bagages sont chargés sur le toit et les passagers entassés à 4 par banquette…



Le pare brise est cassé, réparé au scotch, il fait chaud, pas de clim, fenêtres ouvertes, route en construction et poussière…



Il y a peu, l’entrée au Cambodge ne se faisait encore que par bateau, mais un axe routier important est en cours de finition. C’est plus rapide et moins cher, au regard du monopole des navires.
Quoique, c’est le tronçon le plus cher que nous ayons rencontré dans toute l’Asie du Sud-Est ! 19 $ pour rejoindre Kratie à 200 Km…
(A titre d’exemple, quelques jours plus tard nous ferons les 546 Km entre Sihanoukville et Siem Reap en bus climatisé pour 8 $ !)



La route s’arrête dans un village en face de Stung Treng sur les bords d’un affluent du Mékong, l’immense pont l’enjambant n’étant pas encore terminé de construire…





(Nettoyage des véhicules dans la rivière !…)



Nous patientons une petite heure dans le village avant qu’un bateau qui fait office de bac nous fasse traverser le large cours d’eau…









J’ai l’impression d’être dans une barge de « débarquement », cloîtrés et serrés les uns contre les autres, bizarre !...





Il faut dire que nous pénétrons dans un pays qui sort d’une épouvantable « guerre civile » il y a tout juste 15 ans et que d’énormes répressions sanglantes se sont encore déroulées il y a à peine 9 ans.
Et le pays qui sort de la famine, de la souffrance et de la mort est encore truffé de millions de mines anti-personnelles, fabriquées spécialement pour estropier et non pour tuer !
Tous les mois, encore aujourd’hui, environ 500 personnes, adultes ou enfants, sautent sur ces engins, dans les rizières et les campagnes… C’est abominable !...

Nous allons à la rencontre d’une population pauvre et mutilée.
Je ne sais quels effets cela va avoir sur nous et ce que nous allons ressentir !...

A peine débarqués sur l’autre rive, nous embarquons dans un nouveau mini van, pare brise cassé, pas de clim… Impression de déjà vu…

300 mètres de trajet et déjà un arrêt.
Dépose imposée dans un resto peu imposant…
Relations du chauffeur à n’en pas douter !...

Les prix sont exorbitants !
6 à 8 $ pour un simple plat ! Hallucinant !...
Les touristes s’y précipitent sans réfléchir…
Nous allons quant à nous nous installer sur un banc dans la rue à deux pas…



J’ai de l’eau, des chips, du pain de mie (envahi par des fourmis) et une boîte de pâté « Hénaff » dont j’avais fait provision à Vientiane pour le cas où… Et cela tombe bien !…

Un peu plus tard, avant de remonter dans le mini van, nous consultons de nouveau le menu du resto par curiosité, et ô surprise, sur cette carte les prix sont en Riels (monnaie Cambodgienne) et les tarifs sont aux alentours de l’équivalent de 1 à 2 $ pour les mêmes plats qu’auparavant…
Incroyable !... Ils pratiquent un système de double carte en fonction des personnes de passage !...
Nous avions senti le coup venir !...

Mais comme les touristes arrivent presque tous de Thaïlande via Pakse, ayant passé 2 à 3 jours dans le Sud du Laos, ils débarquent maintenant au Cambodge en ayant changé d’unité monétaire trois fois au minimum en quelques jours.
Donc, ils n’ont plus de réels repères au niveau des devises et les locaux en profitent allègrement…
C’est le même phénomène de monopole touristique en bordure de frontière qu’à Huay Xai et à Pakbeng au Laos (voir « 20/10/06 Huay Xay » sur le Blog)

Nous avons désormais 3 heures de route pour rejoindre Kratie sur une route qui est dite en bon état…



En fait, elle est toujours en construction sur la majeure partie du parcours.
Bulldozers en action, graviers, pierres et ornières sont de nouveau le lot de ce voyage aujourd’hui…
Et la poussière surtout, omniprésente, fine, s’infiltre de partout…



Nos vêtements, nos sacs changent de couleur, virent rapidement au marron… Nos mains deviennent oranges, tel après un henné, et nos cheveux prennent la texture de la paille en dégageant des volutes de « fumée » à chaque touché !...

Les vibrations sont incessantes, pénétrantes…
J’ai pris pour habitude de poser bien à plat sous mon siège le sac bien molletonné de mon ordinateur (même dans le Nord du Laos / voir « 20/10/06 Huay Xai » sur le Blog), mais cette fois-ci, c’est sur mes genoux qu’il doit voyager.
Et 10 Kg, c’est lourd au bout d’un moment !…

Les paysages sont moins arborés, une déforestation intensive se constate facilement, à destination de la culture et du bois de cuisson…
Les forêts de type continental prolifèrent ici et les cocotiers sont omniprésents désormais, habillant tout du long les rizières jaunies par la saison sèche…





Peu de villages bordent cette voie principale du Nord du Cambodge, c’est une région vraiment peu habitée !...





Et l’on retrouve les éternels poules, vaches et cochons au milieu de la route…
Les charrettes sont tractées par des bœufs ainsi que par de petits chevaux, au rythme d’un autre temps…





La pluie se met à tomber, drue… C’est le Typhon qui vient de dévaster les Philippines qui passe au dessus de nous en direction de la Thaïlande…
C’est une aubaine pour arrêter la poussière… C’est une inquiétude au regard de mon sac à dos qui est sur le toit !...
Car le chauffeur, insouciant, n’a pas mis de bâche sur les bagages !...

Vers 17H, nous entrons dans Kratie, capitale régionale de 79 000 âmes.







Peu de voitures mais de nombreux vélos, motocyclettes et charrettes…
Des chevaux parfois errent libres dans les rues….





Le centre ville étant tout petit, tous les hôtels sont à proximité.
Au travers des aléas de notre recherche d’un gîte, nous jetons notre dévolu pour le « Santapheap hotel » implanté en face du Mékong.
Grande chambre, propre, 2 fans, TV câblée, salle de bain avec douche froide, 5 $.



La nuit tombant à 18H et tout les commerces fermants tôt, 21H maximum, nous allons chercher pitance au petit marché de nuit.







Aucun endroit n’étant prévu pour s’asseoir, aussi achetons-nous des plats à emporter.
Au menu : petites crevettes froides, œufs brouillés au porc et à la sauce de poisson, grands cornichons, saucisses grillées froides, brochettes de poulet froides, salade de choux et galettes de riz frites…







Un peu de travail sur l’ordinateur, quelques infos à la télé (en Chinois et en Français aussi) et nous tombons de sommeil…

Demain nous visitons la région…

A suivre…

Uxar



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06/12/06 On a marché dans le Mékong



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